
Ah, mais ce disque, que je l’ai guetté longtemps ! Bon, bien, sûr, les attachés de presse clament haut et fort qu’il s’agit de leur pierre philosophale, leur meilleure œuvre. Hey, c’est leur taf après tout, mais je ne suis pas dupe ; je ne m’attends pas à ce que « I too am a stranger » soit autre chose qu’une nouvelle version de ce que je connais déjà. Mais je m’en fous ; ça fait longtemps que le groupe m’a ferré avec son ethio-jazz mutant et mystérieux. Oui, mais le trio s’enfonce de plus en plus dans le jazz, multipliant les influences colorées et groovy, et les conjuguant de plus en plus. Et ça, je l’avoue, c’est beaucoup moins ma came. De fait, un titre comme « Moth » avec ses motifs répétitifs me passe loin. Heureusement, me disque est plutôt varié et les autres pistes ne pataugent pas dans les mêmes eaux. Bien sûr, l’ensemble demeure assez homogène, mais on y retrouve ce qui rendait les précédents albums aussi magnétiques et magiques. Ces gars sont des sorciers, et leur art, tout jazz qu’il soit, va donc puiser dans les entrailles de la terre pour réveiller les forces occultes qui parcourent ses veines et lui donnent sa force. On pourra donc y déceler d’autres choses, de celles qui peuplent les films de genre rétro. Ça parlera aux amateurs de vieux films SF et d’épouvante de la Hammer comme moi. The Sorcerers est-il en train de s’auto-parodier, de tourner en rond ? Je ne sais pas. Cependant, on ne peut le nier, ses habitudes s’enracinent et les éléments qu’il emploie ne varient que peu ces derniers temps. On attend donc un sursaut de mystère et de créativité pour la suite.