Cet album de Euphrates Ride, le projet (très) personnel de David Mauro ou de son alter ego Rigil Kent, a subi comme son auteur une parenthèse temporelle douloureuse. Reçu assez tôt dans l’année, il ne rencontre ma platine que récemment. Heureusement, il n’y a pas de date de péremption pour la musique, n’en déplaise à certains ; des mois ou même des années après, un bon disque reste un bon disque. « Therapy », donc. Autant exutoire que soin, ce disque fait suite à un internement psy, résultant lui-même d’une bonne grosse dépression. Autant dire qu’aucune des chansons ici ne seront reprise par la starac’ à la saison prochaine. Le dossier de presse nous présente la musique de Euphrates Ride comme un mélange de pop, rock psyché, stoner et rock progressif. Ça se tient, même si « Gathering the waves » me rappelle l’indie pop belge d’il y a quelques années, avec son mélange de mélancolie et de digestion du spectre rock dans son ensemble. Quoi qu’il en soit, cet opus intimiste crie la détresse et la recherche de réponses ; chaque titre est une avancée dans le contexte particulier de la souffrance mentale et de son traitement. Le disque a été enregistré au sortir de la clinique psychiatrique, comme un point final, ou virgule, à une période douloureuse. Chaque titre est le témoin du processus, du questionnement, de la reconstruction du personnage. De son état instable et de sa marche sur un fil tendu, souvent, aussi. Ici et là, des bulles bruitistes, des cris, et ce qu’on imagine comme étant des « field recordings » de son séjour viennent ponctuer les titres. Les six titres ont des ambiances assez différentes même si une musicalité commune les anime, et tous ne sont pas aussi terre à terre en termes de paroles ; c’est là aussi qu’on voit le cheminement psychologique, et la lutte entre vie fantasmée et réalité. Au final, « Therapy » est un bon disque de rock, plutôt à réserver aux amateurs d’objets indie un peu barrés. Ne vous fiez pas à son artwork artisanal un peu marqué lo-fi ou prog à papa, et plongez dans la psyché avec Euphrates Ride !
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