AUTECHRE : Sign

Trente ans que le duo Rob Brown et Sean Booth nous vrille les oreilles avec son electronica de plus en plus raide et calculatoire. C’est l’une des amitiés les plus indéfectibles (d’autant plus en territoire electro), et si on croise ça avec la fidélité sans faille de leur label fétiche Warp, c’est une situation inédite dans le monde musical moderne. Cette fidélité commune est plus longue que la mienne avec le duo ; ces dernières années, Autechre m’a, comme beaucoup, un peu perdu avec ses albums de plus en plus expérimentaux et obscurs thématiquement parlant. J’ai même carrément zappé le dernier, « elseq-5 », pavé de quatre heures sorti uniquement en version digitale. Mais je garde toujours enfoui en moi l’espoir de le voir revenir à des sonorités plus à ma portée, à une musique aussi exigeante structurellement mais plus colorée mélodiquement. Bon, étant donné que le duo lui-même a tendance à exécrer ses œuvres de jeunesse, celles qui faisaient le plus état de vélléités mélodiques, ben c’est pas gagné. Ce qui me sera vite confirmé par « M4 lema », premier titre de cet opus bien plus court (1h05 quand même) ; un titre chaotique traversé de micromélodies qui ne semblent pas du tout reliées entre elles ; quasiment neuf minutes d’un capharnaüm certainement contrôlé mais incompréhensible pour moi. « F7 » fait, en revanche, un net pas en avant vers la mélodie. Une mélodie acide, technoïde, qui cependant n’intègre pas vraiment d’éléments glitch comme on a l’habitude de les croiser. Cependant, ça marche bien. Même chose avec « si00 » et « esc desc »; je dois dire que je suis plutôt heureux de trouver le groupe dans ces dispositions. « Au14 » renoue avec quelque chose de beaucoup plus glitch et proche des débuts de la formation. « Metaz form8 »repart dans l’autre sens, en insérant plus de menace dans l’équation. L’intégralité de l’album se situe entre ces deux mouvances. J’ignore si « Sign » porte les symptômes d’un renouveau, d’une rééducation à la mélodie, à la mélancolie, bref, à l’humanité, ou si c’est juste un accident de parcours, un brusque accès de nostalgie, mais en tout cas ça fait plaisir. Autechre n’est ni tout à fait le même, ni vraiment un autre ; cool !

Facebook

Instagram

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *