Certains musiciens se contentent de peaufiner les mêmes formules à l’infini, grattent les mêmes cordes, tapent sur les mêmes peaux usées, pour un résultat similaire à celui de leurs aînés ou presque. D’autres en revanchent choisissent de s’éloigner de cette ligne, juste d’un pas ou deux, et c’est suffisant pour plonger la musique dans une autre dimension. White Wine est complètement dans ce trip. On y croise des influences et éléments qu’on peut aisément reconnaître (rock industriel, electro pop, kraut, pop, post punk), mais leur amalgamation est assez inédite pour qu’on identifie immédiatement White Wine comme un groupe culte. Celui qui se cache derrière ce patronyme dont on ne sait que penser (et qui sied assez mal au groupe, il faut le dire), c’est un homme à tout faire de l’indie, de ceux qui flairent les bons coups et traînent avec les bonnes personnes au bon moment. Enfin, vous penserez peut-être ça si vous kiffez les styles déjà exotiques de Menomena, 31knots ou Tu Fawning. Et si ce n’est pas le cas (ou à la limite, juste pour le deuxième, excellent), pas de panique, parce que White Wine, c’est encore autre chose. Oh, oui, on y reconnaîtra (parfois) le style de jeu du bonhomme, et à coup plus sûr sa voix, mais les influences rock, folk et expérimentales s’effacent ici devant une dramaturgie, une scénographie musicale prégnante. Vous voici prévenus : si vous étiez en quête de quelque mélodie évidente, de quelque hit indie charmant, vous rentrerez chez vous tout penauds. Ici, la magie serpente, se laisse glisser, se hisse à la force des orteils (crochus), fait le grand plongeon pour se rattraper à un cheveu au bord du gouffre, à l’image du jeu de scène de son auteur. Ce qui n’empêche pas des « Killer brilliance », « I’d run » et « Art of not knowing » d’être dangereusement addictifs. Le combo a certes une certaine tendance à la répétition, et assume son côté abstrait : ce sont là des choses qu’il faut enjamber pour apprécier pleinement un disque comme celui-ci. Mais ça vaut le coup et je vous y encourage !
White Wine : Killer brilliance