« Ici ça brûle ! » nous prévient Viktor dans la carte de visite de ce premier album. Mélodie acide, rap punk et beats bien rock nous écorchent d’entrée. L’aventure Viktor and The Haters, c’est la rencontre entre un Mc déjà bien expérimenté et des musiciens rock bien implantés aussi, unis pour faire le plus de bruit possible. Mais du bruit qui pense, pour paraphraser Médine. Ne vous attendez pas pourtant à trouver des textes qui favorisent l’introspection et la construction d’un monde nouveau et meilleur. Ici, on « rappe où ça fait mal », on va « trasher l’époque », enchaînant les constats, alarmants ou pas, en tout cas durement réalistes. Viktor n’est ni là pour se faire admirer ni se faire des copains. Son regard est aussi autocritique que critique tout court. En fait, « Blackout (I) » rejette quasiment tout en bloc, passe son temps à violenter ses pairs, à pisser sur son époque, à tourmenter ses auditeurs. Nihiliste, anarchiste, autodestructeur, cru et cul, Viktor est le sale gosse dont le rap avait besoin pour se réveiller. Sauf que du rap, ça n’en est qu’à moitié. « Jamais là où on m’attend, donc on ne m’attend plus » rappe-t-il. Cruellement lucide. Ce disque parlera aux vieux punks, aux amateurs de glissements stylistiques à la Svinkels, Zone Libre ou à la limite La Rumeur… Bref, un positionnement d’outsider. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire me direz-vous ? Pas faux, mais on devine un avenir compliqué à ce premier album, qui pourtant a bien des qualités, et particulièrement d’écriture, de personnalité. Après, côté mariage rap rock, je ne suis pas forcément fan ; les titres sont un peu trop punk et directs pour moi ; la scansion est certes propre aux deux styles, mais j’y préfère le caractère insidieux du premier titre ou la menace sourde de « Sous le même jour ». mais je vous rassure (ou pas), c’est mon problème, j’ai souvent du mal avec ce genre d’union, et vous serez peut-être plus évolués que moi à ce niveau !
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