Depuis leur premier album « The optimist lp », j’ai une tendresse particulière pour Turin Brakes et sa pop folk personnelle. Bien sûr, ça ne m’empêche pas ne pas être très fidèle, et de n’y revenir qu’épisodiquement. Mais quand c’est le cas, je suis toujours agréablement surpris ; le groupe a toujours conservé cette symbiose, cette unité de voix et de ton, et cette façon si intelligente de manier le groove, comme si sa présence dans un tel environnement coulait de source. Alors que Turin Brakes est un peu la seule formation à la faire de cette façon, jonglant avec les influences sixties, seventies et plus actuelles sans jamais perdre son identité. « Wide-eye nowhere » est encore un disque d’une intelligence et d’un feeling exemplaire… et passera encore une fois largement sous les radars malgré ses qualités. Ok, c’est vrai, ce n’est pas le disque auquel on pensera le plus vite quand on voudra se faire plaisir (ne voyez pas dans cette phrase un sujet à interprétation) ; son côté paisible et sans problèmes lui donne des allures de ballade un peu trop tranquille, pour ne pas dire ennuyante. Pas vraiment de tubes, pas de drame, pas de surprise : Turin Brakes fait ce qu’il sait faire de manière admirable… Mais attendue. Est-ce que ça doit endigue le bonheur qu’on a à les retrouver, et à se laisser porter paresseusement par ces onze titres chaloupés et élégants, à voyager avec eux le long d’une route déserte, au milieu de paysages ni grandioses ni remarquables, sans destination particulière ? Non. Ces gars sont des orfèvres, et si on choisit de ne pas leur céder trop souvent, c’est juste pour avoir le bonheur de le constater encore à chaque nouvelle écoute. Oui, c’est à la fois une excuse et de l’auto persuasion, et alors ?
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