
Ok, celui-ci est loin d’être une nouveauté. Sorti avant l’été dernier, cet album des américains de Tomarum gagne sa place dans les pages d’Adopte Un Disque de par son anti-conformisme forcené. Oh, ne vous attendez pas quand même à un Mr Bungle ou autre osni, on reste quand même assez confiné au metal extrême. Mais quand même, allier aussi bien le black atmosphérique, le death progressif et le post black sans qu’un sous-genre ne vienne chasser l’autre, ça tient de l’exploit. On commence en douceur avec la guitare de « Introspection I », d’abord acoustique puis électrique, qui nous montre déjà l’étendue du savoir-faire technique des gars. Il faut attendre plus de 3 minutes de « Comdemned to a life of grief », le long titre suivant, pour voir apparaître la voix, ou plutôt les voix. Et être vraiment confronté complètement au mélange des genres, qui va probablement diviser, tant il est vrai que voir débouler des solis hyper techniques de death prog sur une déferlante black est déstabilisant. C’est là toute la valeur et toute la difficulté de ce disque ; derrière le côté premier degré des riffs black plutôt classiques, il y a quasi systématiquement une ligne de basse bien chiadée, une partie de guitare qui envoie du pâté, un plan plus complexe. Et franchement, je ne sais toujours pas dire si ça sert ou si ça dessert les titres. En tout cas, c’est unique, ça je ne peux pas l’enlever à Tomarum. Étrange d’ailleurs que le duo d’Atlanta se définisse comme « BM » avec cette plus-value. Un autre point intéressant ici est qu’on peut suivre pas à pas le processus créatif des américains, puisque les titres ont été placés sur la galette dans l’ordre chronologique de leur composition. On peut alors entendre un black finalement très cascadien prendre de l’essor et se transformer, les compositeurs prenant confiance en eux et leur vision, en une chose encore plus unique. Prenez donc « As black forms from grey », vous pigerez vite : ici le chaos et le qualificatif « progressif » ne sont pas de vains mots. L’ensemble des textes de l’album traitent de la dépression, la trahison, le ressentiment et autres introspections, ce qui nuance encore le propos : on est loin des histoires de sacrifices et d’invocations ici. L’album se termine sur une « Awake into eternal slumber » longue de 15 minutes, et mon titre préféré, à la fois puissant, déchirant et créatif. Bref, sacré morceau que ce disque, énigmatique et jusqu’au-boutiste dans sa vision très personnelle du black !






