Thy Catafalque a toujours été impressionnant et talentueux dans son registre. Presque autant que celui-ci est ardu à déterminer. Et ce neuvième album est loin de faire machine arrière. S’inspirant de l’art naïf, ce disque n’en fait donc qu’à sa tête, brassant large et se montrant encore plus libre et expérimental que par le passé. Bon, en même temps, au Québec (contrée dont Tamas Kataï, maître à penser de Thy Catafalque, n’est absolument pas originaire), l’art naïf n’est-il pas appelé art indiscipliné ? Il faut pourtant l’être, discipliné, pour savoir structurer des titres si libres de contraintes tout en conservant un potentiel d’accroche. Si « A bolyongas ideje » reste à peu près centré sur un post metal exploratoire, quand « Tsisushka » arrive, c’est pas le même tabac : rock indé, post rock, progressif, belle basse slappée, jazz rock, space rock s’y entrechoquent, et l’auditeur est beaucoup moins sûr de ses appuis. Par la suite s’ajouteront folk, electro, musique du monde, neo-classique, voix féminine claire, cuivres, sans que le néophyte qui découvre Thy Catafalque avec ce disque ne puisse se douter une seconde de l’origine géographique de celui-ci (la Hongrie) ni de l’origine musicale du projet (le black metal). Et après certain(e)s oseront encore affirmer que le metal « c’est du bruit ? » Ok, mais du bruit qui pense alors… « Naïv » est vertigineusement riche, et le terme « avant-garde » est loin d’être galvaudé ici. Les quelques passages riffés et vocaux amers conservés seront à coup sûr un repoussoir pour certains, mais il est malgré tout à recommander à ceux pour qui les frontières n’ont pas lieu d’être dans le monde des idées.
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