Il y a quelques années, la surprise en territoire hip hop est venue d’Angleterre. Et si beaucoup, comme d’ailleurs Slowthai lui-même, le client du jour, considèrent The Streets comme l’instigateur du mouvement et la référence, pour moi, l’uppercut est venu du So Solid Crew ou de Dizzee Rascal. D’ailleurs, un petit clin d’oeil est fait à celui-ci dans le titre éponyme de ce disque (« I’m the boy in the corner »), un titre qui a beaucoup fait dans mon envie de me lancer dans l’écoute de ce premier vrai disque du jeune homme. Alors qu’y trouve-t-on ? Du bon, très bon grime. Ah, oui, explications pour ceux qui ne connaissent pas. Du côté des brexitiens (et des autres, d’ailleurs), on a une grosse culture club, et du coup les autres genres musicaux n’y sont pas imperméables. On l’a vu notamment rayon metal avec Enter Shikari, côté pop indie avec The Klaxons, et le hip-hop en a mangé aussi. Slowthai a grandi avec ça, et ce premier album est donc un pont entre hip-hop « classique » et uk garage, avec un paradoxe très anglais, celui de l’union d’une rébellion de la jeunesse, d’une défiance envers l’ordre établi et la bonne société, et un second degré, un humour assumé. Une schizophrénie qui assure aux titres une ambiance unique, entre hystérie et froideur. Et ces titres, ils sont très bons. D’ailleurs sept singles sont déjà sortis avant que le disque ne pointe le bout de ses névroses, c’est dire. Alors est-ce que ça suffit à faire de Slowthai un dossier à suivre ? Je veux, oui ! Bon, ok, on va quand même se méfier un peu, promis, le regarder avec un air circonspect, mais impossible de cacher qu’on kiffe bien grave cette galette, et que chaque écoute interroge sur ce qui, un jour, est parti en livre chez nous pour que les anglais héritent de ça et nous… vous m’avez compris, non ? Bref, « Nothing great about Britain » n’est pas qu’un chouette gimmick usé jusqu’à la corde, mais aussi un excellent album. Enjoy !