Il est toujours étrange de tenter d’expliquer à un nouveau-venu ce qu’est Shining. On pourrait parler de black dépressif certes, mais la dépression prend chez Shining des formes changeantes et « inhabituelles ». Le début très motorheadien de « Svart ostoppbar eld » contraste en ce sens grandement avec le riff lancinant de « Gyliene portarnas bro » qui lui fait suite, ou même avec la fin sauvage de celui-ci. Kvarforth aime être surprendre, et s’il clame haut et fort ne jamais rien calculer et tout faire à l’instinct, on est en droit de ce demander quelle est la part de vrai là-dedans. « X » est encore une fois un disque classique et efficace du combo. On peut y noter une volonté plus marquée de faire cohabiter de façon plus homogène, ou du moins d’équilibrer les temps de paroles entre les parties black n’ roll et les parties plus typiquement doom ambiant. Et il faut avouer que c’est plutôt réussi ; le disque a plus de pêche et possède plus de nuances que les précédents, et pour autant il est impossible de crier à l’irrespect du cahier des charges. Les six titres de ce dixième opus respectent à la lettre la personnalité de Shining, jusqu’à la construction de celui-ci : on retrouve comme d’hab’ un cinquième titre instrumental au piano avant un final en apothéose. Alors pourquoi proposer deux titres bonus sur l’édition deluxe ? On peut légitimement se poser la question. « In the cold light of morning » et « Cry little sister » n’apportent d’ailleurs pas grand-chose qu’un ennui poli, et cassent le rythme et la dramaturgie du disque. Une fois ces excroissances gênantes mises à part, on a donc ici tout ce qu’on était venu y chercher : puissance, haine, désespoir et auto-flagellation. Pourquoi se plaindre donc ?