Un groupe de rap venu d’un lieu propice à l’éclosion d’une carrière dans le milieu, un album vendu comme étant une révolution, une nouvelle sensation en tout cas, et un titre qui sonne autant comme une leçon que le manifeste d’une union bien ordonnée en vue d’une guerre prochaine… Ça ne vous dit rien ? Alors, renseignements pris, il semble que les parisiens se soient plus inspirés de Ken le Survivant que d’IAM pour leur titre. N’empêche, le parallèle est vite fait. La Sexion existe depuis 2000, et progresse doucement mais sûrement, avec pour point culminant la sortie de ce premier long. Pas du genre bling bling, les gars choisissent de donner un éclairage old school à leur musique et à leurs textes. Ok, ça, c’est sur le papier. La vérité est beaucoup moins romancée. Sexion D’assaut a bossé ses textes et surtout sa musique, s’est attaché à employer des procédés rap modernes à l’américaine (alternance rap de couplet / chant de refrain, instrus teintés d’électro, incursion r&b et autres éléments exogènes…). Mais ça reste du rap de banlieue, avec tout ce que ça implique de textes étriqués et de raccourcis douteux. Nul doute que le collectif a la volonté de se détacher de ses tics (autant que de sa condition de simple groupe de rap, selon ses dires), mais à l’écoute de ce premier jet nonobstant assez bien ficelé, le chemin est encore long. Si quelques titres se détachent du lot de par la distance ou l’humour qu’ils injectent dans le quotidien morne et gris de leurs auteurs, d’autres sonnent comme un catalogue de poncifs. Alors non, cette « École des points vitaux » n’est ni une voie de garage ni une voie royale, juste la voie du milieu pour l’instant, entre le très beau et le franchement moche.
Sexion D’Assaut : Casquette à l’envers
Sexion D’Assaut : Wati by night
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