Les deux premiers (et ultimes) albums de Programme, « Mon Cerveau dans ma bouche » et « L’enfer tiède », avaient poussé encore un peu plus loin le son et l’univers de Diabologum. Jusqu’au point de non-retour ? C’est ce que doivent penser Arnaud Michniak et Damien Bétous, de nouveau collègues de déconstruction sonore et de constructions mentales déviantes sur cet « Agent Réel ». Du nihilisme noir déployé sur ses prédécesseurs, ce nouvel album en garde certes une trace palpable, mais toutefois plus diffuse ; on est passé d’un constat cynique à une forme de combat, au travers des mots comme au travers de la musique, plus agressive et expérimentale. Ça s’entrechoque, ça s’électrise, ça plonge profond dans le subconscient, et donc ça questionne encore plus. « Agent réel » est une forme de monologue intérieur sur fond d’abstractions sonores, de bruit blanc et d’usine à maux de tête ; autant dire qu’il s’avère très difficile d’écoute, même pour un fan de la formation. On ne peux clairement pas reprocher au duo de se prostituer artistiquement ; à ce niveau, s’il s’est déjà suicidé depuis longtemps, il s’emploie ici à effacer toute trace de son passage. Ces mecs sont honnêtes dans leur démarche, c’est clair ; ils sont jusqu’au-boutistes aussi, c’est certain, et c’est respectable. Pour autant, a-t-on réellement envie de s’infliger pareille souffrance « pour la cause » ? Rien ne subsiste de mélodique ou d’accrocheur ici. Des phrases coup de poing, les textes en sont truffés ; mais Programme, c’est une formation MUSICALE, pas du spoken-word, me trompe-je ? Au final, si je regarde avec respect les auteurs poursuivre leur chemin, il est certain que je ne les accompagnerai plus… Je ne saurai même pas me prononcer sur la qualité de ce disque ; je le comprends pas.
Related Posts
- 88Leo n'est plus un jeune premier. A 77 ans, il a plus de vie derrière que devant lui, et il le sait bien. Pas étonnant alors que ce nouvel et 13e album du canadien reflète les réflexions et préoccupations du vieil homme qu'il est devenu. Posé et philosophe sinon mystique,…
- 82J'étais de ceux que « In Rainbows » a déçu. Trop propret, trop facile, comme si une certaine convenance musicale de la part du groupe devait contrebalancer l'audace commerciale, le doigt d'honneur tendu nonchalamment aux majors et à leur modèle économique en fin de vie. Ok, c'est bien beau les idées, mais…
- 78Il m'arrive souvent d'aller contre le courant, de voir des défauts là où d'autres voient du génie, de faire la grimace quand le monde sourit béatement. On pourrait y voir de la bêtise, de l'anticonformisme, de la provocation, ou un moyen de s'affirmer de la part d'un pauvre inadapté social…
- 78Cortez, trio suisse, n’est pas là pour vous offrir des fleurs. Non, eux, leur genre c’est plutôt l’attaque frontale, armés jusqu’aux dents et sans laisser de répit. Les 10 titres ici présents tapent là où ça fait mal, et ne ralentissent le temps que pour repartir de plus belle. Cortez…
- 78Deuxième album pour ces suisses au nom difficile, évoquant certainement la ville du siège de la Nasa ukrainienne. Car d'espace, il en est question ici. Quatre titres pour plus d'une heure de musique, c'est vous l'aurez compris un voyage au coeur du post-rock qui nous est proposé ici. Mais pas…