En 1998, Richie Hawtin alias Plastikman sort le disque considéré depuis comme son chef d’oeuvre, « Consumed ». En 2018, « Consumed » fête ses vingt ans et se voit donc célébré et réédité. C’est à cette occasion que Chilly Gonzales le découvre et se l’approprie, non sans mal. En fait, l’intéressé explique que cette découverte a pris la forme d’un apprivoisement progressif, accompagné d’une gène et d’une incompréhension tenace. Un travail de longue haleine qui a donné envie à Gonzales d’exploiter avec ses propres codes et sa propre musicalité ce monument. Le genre de projet qui me plaît, mais me fait en même temps me poser pas mal de questions. A-t-il une valeur pour l’auditeur lambda qui ne connaît pas l’original et ne peut donc pas se rendre compte du boulot effectué ? Est-ce qu’on peut vraiment reprendre un disque aussi ambiant et aride avec la rondeur d’un piano ? La réponse est « waw ». Quoi, c’est pas assez explicite ? Eh bien, voilà : Gonzales a choisi de ne pas du tout dénaturer le matériau de base. C’est bien simple : il a non pas supplanté mais superposé les deux visions de l’oeuvre. Les basses profondes, les nappes, les rythmiques sont toujours là, mais le piano les accompagne et les nuance. L’oeuvre en ressort forcément différente, plus riche, plus mélodique, plus néo-classique, plus moderne aussi puisque l’electro neo classique est à la mode. Mais surtout, ça ne sonne pas hors de propos ; on a l’impression d’une œuvre pensée comme telle, dont la portée et la cohérence ne font pas un doute. Alors c’est certain, même comme ça, « Consumed » reste à gravir avec précaution, pas franchement un défi à la portée de tous, mais le pari est en tout cas réussi, et chacun des participants peut s’en enorgueillir !
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