
Les gens qui ont une vie un peu à la marge, des expériences hors du commun sont forcément les artistes les plus créatifs et intéressants à suivre. Je ne connais pas Neva Demure, mais son je suis sûr qu’outre son statut de femme queer, elle a vécu pas mal de choses complexes qui l’ont amenée là. Et là, c’est où ? Et bien, si apparemment le passé musical de la dame était bien plus dance, cet « Antidote » (à quoi ?) se pare de couleurs plus indie pour habiller ses mélodies plutôt efficaces et directes. Jusque là, Neva utilisait l’autotune, et de grosses productions typique de la dance pop new-yorkaise ou berlinoise (ses deux points de chute). Mais sur ce nouvel album, une certaine forme de lassitude et de confiance en elle retrouvée, elle a eu envie de chanter et jouer de la guitare. On a donc ici des titres beaucoup plus nuancés et riches en ambiances et en textures différentes. « Girl battery » ressemble tout de même à un titre electro pop mâtiné de dance, d’electronica et de R&B, jouant beaucoup sur le rythme. Un chouette début, avec un gimmick mélodique obsédant, mais ne sonnant vraiment pas variété. « Lovespell », lui, amène un peu de rock dans l’équation. « Trauma curl » verse carrément des éléments pop folk, se fait plus intimiste. On a l’impression que « Unnatural » suit le même chemin, mais il s’en éloigne juste assez, en y ajoutant un côté plus détaché et rebelle. « Meow meow » est pour moi le titre le plus dancefloor. Le rythme binaire de « Sweet revenge, sour regret » fait limite ska. « Sleep so softly » fait malheureusement l’effet douche froide, avec sa mélodie un peu passe-partout et creuse. « Pedestal » fait un peu mieux mais reste trop gentille pour susciter un peu plus qu’un désintérêt poli. Enfin, le côté un peu plus étrange et travaillé de « Permanent strains » nous met un peu plus en éveil, même s’il ne s’agit pas du titre le plus facile à appréhender. Au final, « Antidote » est une proposition intéressante mais un peu déséquilibrée, qui a tout de même le mérite de prouver que les artistes considérés comme mainstream peuvent proposer autre chose.






