Le métal espagnol n’a jamais été très en vue. C’est bien simple, comme ça, de mémoire, pas un nom ne me vient à l’esprit. Nahemah, quintette ibère nourri au rock et au metal, en a conscience et, fort de ce constat, a donné le meilleur de lui-même pour que ce troisième album contribue à changer le regard du monde sur son beau pays. Dans la bio, on nous parle d’Opeth, de Dark Tranquility et de Mogwaï. Mouais. Pour le premier, d’accord, tant les chansons de Nahemah peuvent être qualifiées de riches et progressives. Mais l’influence funeral doom est également bien perceptible, et ça dès le premier titre, en particulier pour le chant, très proche d’un Swallow The Sun ou d’un Moonspell des débuts. Discrets mais omniprésents, les éléments électroniques renforcent les ambiances sombres et étranges. Le batteur, très bon, s’en donne à cœur joie, préférant la virtuosité et les contretemps au bucheronnage pur et simple, pour notre plus grand bonheur. Les guitares tissent des trames complexes, la basse joue la force tranquille, le chant alterne entre rugosité et clarté. Tous ces éléments œuvrent de concert pour aboutir à un album très équilibré, qui sonne frais, puissant, original et doom à la fois, ce qui est loin d’être évident. Sur « Phoenix », on croirait presque assister à un croisement entre Swallow The Sun, Vintersorg et Ulver. Et ce batteur ! S’il continue sur ce chemin, ce groupe va devenir énorme.