
Dans le microcosme electro, il y a ceux qui pondent des tubes par dizaines et emplissent les clubs, les stades et les comptes en banque, et puis il y a les autres, travailleurs infatigables de l’ombre, qui vivotent mais font tout pour continuer à faire vivre leur passion. Monolake alias Robert Henke (depuis que Gerhard Behles l’a laissé seul aux commandes) est de ceux-là, indubitablement. Le projet développe depuis 1995 (ça fait un moment) une techno minimale mâtinée d’ambiant, un style qui sonne assez typiquement allemand. Ah, et oui, Monolake est Berlinois, cela va sans dire. Oh, et accessoirement, Robert Henke est également le co-créateur du logiciel de musique Ableton live. Autant dire que le monsieur s’y connaît un peu, et qu’il s’avère très pointilleux et perfectionniste dans son art. Tout ça, bien sûr, s’entend. « Studio » a été longuement pensé, étudié, retravaillé, et s’il est aujourd’hui proposé à un public trié sur le volet. Pas parce qu’il les choisit, mais parce qu’ils sont peu à connaître son existence. On peut plaindre les autres, car oui, la musique de Monolake est assez excellente. Souvent assez sombre et atmosphérique, elle fourmille de détails, de petites phrases rythmiques assez bleep, portées par des nappes de claviers ambiant. Un style que l’on a pu entendre chez bien d’autres formations et artistes, et qui est une continuité avec les autres albums de Monolake. Pourtant, il exerce immanquablement une certaine fascination sur son auditeur. Derrière cette rigueur presque mécanique, se dessine un univers étrange, irréel, plus fantasque qu’on ne l’avait décelé de prime abord. « Studio » est aussi généreux dans sa durée (plus d’une heure) que dans son contenu, et si son aura est moindre pour l’instant, il vaut bien un « Incunabula » d’Autechre. Robert Henke est un architecte du son, un esthète de la microchirurgie, et chaque seconde des quatre ans de maturation de ce disque est justifiée.