Ou quand le grand méchant loup avoue un amour immodéré pour le petit chaperon rouge…En quelques années, le révérend Manson est devenu l’ennemi public numéro 1 aux États-Unis. Décadent, irrévérencieux, polémique, provocateur, immoral, tout lui a été reproché, et il s’est contenté de sourire, jubilant. Survient un nouvel échec amoureux, et le voilà complètement démoli, au bord de l’abandon. Mais l’homme est très intelligent, et a réussi à tirer parti de la situation, et même à l’intégrer dans sa démarche de terrorisme psychologique à l’encontre de l »american way of life ». Ce qu’il montre aujourd’hui, c’est que finalement, il n’est qu’un individu dans la masse, avec plusieurs visages, et que par conséquent, il est peut-être plus justifié de se méfier de son voisin et de soi-même que de chercher un bouc émissaire. Oui, je sais, tout ça ne vous donne aucune indication musicale. Alors sachez que cet album est le meilleur de Manson qui m’ait été donné d’entendre depuis longtemps. Il met de côté les aspects brouillons et la violence sans âme des précédents, lorgne carrément du côté de Franz Ferdinand et consorts, qu’il met à sa sauce, pour aboutir à une expression alliant son univers tordu et malsain (oui, même si l’album est basé sur l’amour) à une efficacité rock indé certaine. Si le single est une vraie réussite, les autres titres ne sont pas en reste. « Eat Me Drink Me » est une réussite indéniable, et une victoire sur l’adversité de la part d’un artiste qu’on avait trop vite enterré.
Marilyn Manson : Heart-shaped glasses