
Dix-neuvième album pour Gégé, qui a quand même bien vieilli depuis ses grandes années. On retrouve ici ses thèmes musicaux mélancoliques et répétitifs, sa voix si particulière, ses textes parfois obtus, la plupart du temps empreints d’images poétiques. Mais indéniablement, la voix est plus fragile, moins assurée, et la musique regarde plus dans le rétroviseur que sur les derniers albums du maître. Tant mieux me direz-vous, et moi de ne pas vous contredire. Car si « Comme un Lego », écrit pour Bashung, est loin de me convaincre, dès « Dans un jardin que je sais », je replonge avec délice dans l’univers désolé du bonhomme, dans ses histoires de perte, de souvenirs nostalgiques et d’actes manqués. « Manitoba ne répond plus » marque un retour inespéré de Manset aux titres longs et tragiques qui ont fait de lui un personnage culte, hors du temps et des modes. Dépouillée ou orchestrale, la musique de notre voyageur solitaire n’a pour guide que la voix décharnée de son auteur. Ainsi, lorsqu’on est confronté aux versions instrumentales de cinq de ses titres sur le disque bonus, aussi touchés qu’on soit par la beauté de ses versions, c’est bien le désarroi et le manque qui prennent le dessus. Assurément, un des meilleurs albums du bonhomme, et un camouflet aux pseudos « grands » de la chanson française.






