
Il est tout de même assez rare que je sois amené à chroniquer un album de metal extrême suisse. Et d’autant plus un disque de black metal. Malphas est donc un groupe « from Lausanne, Switzerland », mais c’est bien le seul point commun avec mes chouchous locaux Favez. Formé en 2014, il s’emploie à déployer un black occulte et intense de premier ordre. On a ici droit à un troisième album vraiment réussi. Ce qui en soit est assez remarquable puisque l’opus précédent du combo date de moins d’un an. Bon, bien sûr, puisque je ne l’ai pas écouté, il pourrait aussi bien s’agir d’une sombre bouse. Mais je doute fortement qu’un disque de cette trempe arrive par hasard : je serai prêt à manger mon chapeau si « Divinity’s fall » s’avérait mauvais. L’influence principale de Malphas est le black suédois, et le nom de Watain ne sort pas si souvent du chapeau par hasard (heureusement que je ne l’ai pas mangé, du coup). On pourrait citer Setherial aussi. On a donc un black qui se moque un peu de l’obsession de nombreux groupes pour le tout uptempo : le mid, bébé, c’est tout aussi efficace. Surtout quand on manie le groove froid et les les ambiances tissées à la gratte vengeresse aussi bien que Malphas. Bon, bien sûr, on ne va pas non plus bouder complètement les BPM, ce serait ridicule ; mais le groupe se laisse donc le choix du rythme. Si vous ajoutez à ça quelques choeurs, des parties de guitare folk, des titres plus atmo (comme « Dead death dreams » au sein duquel s’invite Liv Christine, ou « Leper within » et ses splendides parties de guitare), vous avez un beau panorama de ce que Malphas peut produire… et bien produire. Certes, on va entendre ci des passages assez classiques pour le genre, on va trouver des éléments connus, mais ils sont ici agencés et arrangés d’une façon qui ne rappellera pas forcément autre chose, et c’est en tout cas fait de façon si intelligente que l’on y succombera très vite.