Je goûte très peu de chanson française. Ou plus exactement, je suis très sélectif. Gourmet ? Non. Toujours est-il que trouver un album qui me plaise dans ce genre relève de l’exploit. Pourtant, certains y parviennent. Pour cela, il leur faut user de stratagèmes retors ; détourner les codes de la chanson, intégrer une ambiance particulière en même temps que des éléments exogènes, et éventuellement même, un phrasé original. Le Noiseur a tout ça. Instrumentation néo-classique soyeuse, chant parlé, influences pop baroque, ambiance cinématographique assumée, « Du bout des lèvres » se pose comme à la fois comme une alternative et une filiation. Gainsbourg, Biolay ne sont pas loin. Bon, ceci dit, pour un type qui a une certaine culture hip-hop, je trouve que ce premier album manque cruellement d’egotrip. Très bien écrits, ses textes se présentent plus comme de petits essais littéraires sur des thèmes imposés que de tranches d’expériences qu’une musique aussi intimiste mériterait. Et ce trip vocal beau ténébreux finit hélas aussi par lasser ; à la fin, on se demande si ce n’est pas plus une posture que de la personnalité. C’est vraiment dommage, parce que globalement, ce disque est très agréable et assez réussi. On prendra donc juste ces éléments pour ce qu’ils sont : un excès de zèle, une erreur de jeunesse. Et on souhaitera que Le Noiseur persévère, car il a assurément quelque chose de différent à apporter !
Le Noiseur : 24 x 36
Le Noiseur : Sexual tourism