
Il y a souvent, dans le black metal américain, des choses assez intéressantes. Pas vraiment touchées par les idéologies très conservatrices du genre circulant en Europe, les musiciens ricains prennent le black comme un matériau musical de base, duquel ils se sentent libres d’extraire ce qui leur paraît pertinent, et de transformer le reste. Ainsi le one-man band Lamp Of Murmuur, dont cet album est le quatrième, conjugue-t-il des éléments typiques (le goût pour l’ésotérisme, l’intensité, le côté repoussant) avec des aspects plus « exotiques » ; une forme d’expérimentation allant au-delà des habitudes mélodiques, des influences plus metal classique dans l’agencement, les sonorités et la technicité de la guitare, une voix bizarrement mixée. Et je ne vous parle même pas du concept du projet, des références obscures aux concept des « Sept Lances», du « Cercle des Plumes d’Or », de « l’Agonie Pourpre » que seul l’auteur semble maîtriser. M, l’homme derrière Lamp Of Murmuur, dit ne pas vouloir se laisser influencer par quoi que ce soit, et laisser libre cours à ses idées. Et bien il fait bien, puisque cet opus est assez captivant de par sa capacité à louvoyer entre les courants et amener sa propre vision du black metal – mais en est-ce vraiment ? En se renseignant un peu, on peut lire que Lamp Of Murmuur a toujours intégré des éléments exogènes : cold wave, post punk, emo, ambiant, goth… ils sont nombreux à alimenter l’imaginaire et les titres du projet. Le côté pervers de tout ça, c’est qu’on a parfois l’impression que le truc navigue à vue, qu’il manque d’unité. Et c’est pas forcément faux, mais c’est complètement assumé, donc on le pardonne bien volontiers. Ceci dit, « The Dreaming Prince in ecstasy» n’est pas le genre d’oeuvre qui s’intègre, se partage en une écoute. Mais elle vaut le coup que l’on s’y penche.






