Il y a déjà longtemps, Public Enemy allait plus loin dans la conscientisation du hip-hop, le transformant en arme d’instruction massive, le politisant. Plus récemment, NTM, ayant dans ses jeunes années singé Public Enemy, lançait un pavé dans la mare avec « Qu’est-ce qu’on attend », amer constat d’un tissu social désagrégé. Aujourd’hui, c’est La Rumeur qui lui répond par un « Tout brûle déjà » non moins amer. Sortis de 8 ans de procès avec le président sortant, et 5 ans après son dernier brûlot, le groupe marque le coup en confiant son ambiance musicale à d’autres que ses habituels producteurs. Plus contemporains et moins sombres, musicalement s’entend, les titres se fondent mieux avec le côté percutant des textes, même si on y perd en originalité, en « patte » sonore. Sensibles, durs, noirs, intelligents et justes, les mots mènent comme toujours la danse. Le parcours d’Ekoué à Science Po’ ne vient jamais complexifier ou politiser à outrance le propos, qui se contente d’étaler avec le recul et le vocabulaire nécessaire la triste réalité. Du rap d’adulte, de trentenaires, du rap n’hésitant pas à faire le bilan d’une vie, et pas seulement d’une condition, et du rap plus exo qu’égocentré ; voilà ce qu’on trouve sur ce « Tout brûle déjà », qui éclipsera certainement bon nombre de sorties du quinquennat à venir.
La Rumeur : Tout brûle déjà
La Rumeur : Un soir comme un autre
La Rumeur : Hors sujet