La Muerte est, quand même, un secret belge bien gardé. Rares sont dans mon entourage les gens à connaître son existence. Il faut dire que le combo, qui se revendique comme « un croisement entre les Stooges et Salvador Dali », n’a pas toujours eu bonne presse, dans le plat pays comme ailleurs. Et qu’il s’est tu de 1994 à 2015, reprenant donc il y a peu son activité, et avec un nouveau line-up de surcroît. Un line-up plus « metallique », ce qui se traduit par encore un peu plus d’influences metal / indus que dans mon souvenir. Mon souvenir, c’est 1991 et son album « Kustom Kar Kompetition », dernier studio avant un split survenu au mauvais moment, celui où la musique du groupe aurait pu avoir un réel impact sur la scène internationale. Et ce qui me fait plaisir ici, c’est de retrouver quasi-intacte la hargne et la folie de La Muerte. A la fois punk, metal, industriel, le groupe est resté furieusement alternatif, mais les quelques influences blues sont ici beaucoup moins présentes. Mais c’est toujours autant le bordel. La filiation Ministry / Lard / Butthole Surfers est toujours évidente, on se fait tabasser les tympans (« LSD for the holy man » a quand même une bonne gueule de « Jesus built my hot rod », non?) pour pas un rond. Ce qui a souvent (toujours?) constitué la qualité et le défaut majeur du groupe ; un disque de La Muerte, c’est généralement de l’agression, de l’attitude, du bordel, un côté crade et anarchiste totalement assumé. Et sur ce retour inespéré, la production joue la carte du magma égalitaire : à part la voix hurlée de Marc du Marais, le reste agit / sonne d’un bloc. Et c’est dommage, parce que ça gomme les qualités de chacun et ça donne une impression globale de « bruit ». Et même si tu aimes la noise, et bien le bruit, au bout d’un moment, ça donne mal au crâne. Malgré tout, on peut apprécier ce nouvel album, le réécouter de façon répéter, lui trouver de nouveaux points d’accroche. Pour moi, il manque encore d’un ou deux titres forts, mais je vais persévérer. Et vous ?