Killing Joke, c’est le type même du groupe qui divise les générations ; une trentaine d’années de carrière, un parcours pas toujours très glorieux, des choix stylistiques souvent décriés même si toujours assumés et assez bien négociés… Revenu jouer depuis quelques années en terrain rock énervé, le grand-prêtre Jaz et les siens nous proposent ici rien de moins que la parfaite maîtrise du genre rock / metal indus et groovy qu’ils ont eux-mêmes créé. Assez proche d’un « Democracy », en gardant en vue la colère des derniers opus, cet « Absolute Dissent » enchaîne les titres efficaces même si usant et abusant d’une recette connue et digérée par les fans et le groupe depuis un bout de temps. Tout est fait pour entraîner l’adhésion immédiate et inconditionnelle au dogme du groupe, et ça marche. Gros riffs, electro accrocheuse (superbe « European Super State »), mélodies et automatismes eighties, rage maîtrisée, Killing Joke ne lésine pas sur les moyens. Et pourtant, même si l’album comporte quelques sommets bien sentis (« The Great Cull », « European Super State », « The Raven King » en hommage à Paul Raven, et l’inattendue « Ghosts Of Ladbroke Grove »), on en ressort avec une petite crise de foi, la vague impression que, si le prêche est bien écrit et exécuté, il manque d’un petit quelque chose pour convaincre pleinement. Mais ne boudons pas notre plaisir ; « Absolute Dissent » reste quand même bien au-dessus du lot.
Killing Joke : The Raven king