
Pour moi, les disques sont comme des personnes. On a avec certains des relations conflictuelles, certains autres traversent nos vies comme des comètes, vite arrivés vite oubliés, et d’autres s’y installent durablement. Et puis, il y en a d’autres qu’on aime passionnément, puis qu’on oublie, presque malgré nous. Et quelques temps plus tard, on recroise sa route par hasard, et ça nous frappe soudain ; combien on a aimé ce disque, la façon dont il a, à sa façon, changé notre vie. Kalandra, avec son disque précédent, se classe dans cette catégorie. Doté d’une délicatesse et d’une intelligence certaine, le groupe se place quelque part entre rock atmosphérique, folk et progressif, avec juste cette pointe de guitares orageuses qui le distingue un peu plus. Un dosage parfait entre force et émotion, porté par la voix gracieuse de Katrine Stenbekk et les arrangements tout en finesse du combo. Einar Selvik a vraiment joué les dénicheurs de talent pour le coup ; si le premier album montrait déjà un potentiel énorme, « A frame of mind » fait plus que le confirmer. Assez impeccable, très délicat, le disque va en plus faire varier les ambiances. Oh, je ne dis pas que tout est parfait. Parfois, le groupe s’emballe, et j’aurais préféré que certains titres soient un peu moins étirés. C’est le cas par exemple pour une « I’ll get there one day » soit raccourcie ; même avec sa structure mouvante et ses nuances instrumentales, il reste à mon sens trop long. Même chose pour « Hytta », titre purement atmosphérique instrumental, qui n’apporte pas assez au disque. Mais avec des titres comme « I am », « Untie the knot », « The state of the world » ou la puissante « Bardaginn », on se dit que Kalandra peut devenir énorme. En attendant, il se contentera d’être l’un des meilleurs groupes de folk rock atmo de la planète.