Plus ça vient, plus je me dis qu’il y a dans la scène prog’ actuelle d’incroyables pépites. Vous me voyez arriver ? Bien sûr. Jordsjo, avec sa flute et ses grosses influences crimsonniennes, semble certes ne pas briller par son originalité. C’est faux. Parce que Jordsjo avoue lui-même être inspiré par les films d’horreur et les romans de fantasy. Et qu’effectivement, il y a quelque chose en plus dans ce « Nattfiolen », quelque chose qui pousse à le redécouvrir, écoute après écoute. Et il en faudra bien plusieurs pour venir à bout des 40 minutes de ce deuxième album des norvégiens. Parce que, outre les éléments déjà cités, le trio puise également dans le jazz rock et le kraut ambiant. Alors forcément, quand tout ça s’accumule, ça donne des morceaux-fleuves (et encore, pas tant que ça) où l’ambiance l’emporte sur une instrumentation assez exigeante et un chant discret. Beau et inquiétant à la fois, ce disque dont on ne sait pas totalement quoi penser est en tout cas fascinant. Expérience extra-terrestre, « Nattfiolen » est un cocktail au goût surréaliste et aux vapeurs d’opium, plus pour le pouvoir médiumnique et la connexion à la nature que pour l’euphorie. C’est en tout cas un grand moment de prog folk bucolique.