
Dans le terme « rock progressif », il y a rock. Derrière cette lapalissade, se cache une réalité cruelle ; la plupart du temps, le terme « musique progressive » pourrait aussi bien s’y substituer. Mais quelque part en Gaule (en Alsace, en fait), une tribu d’irréductibles zicos s’est mis en tête de donner un sens, un vrai, à la juxtaposition de ces deux mots. Ainsi, Out5ide nous propose ici son deuxième album. « Tumbleweeds » possède vraiment l’énergie et la fougue du rock, une force qui flirte avec le punk et le metal sans pour autant qu’on puisse taxer le groupe de « bourrin ». Et ça ne l’empêche nullement de respecter les influences des « grands anciens » du style, Pink Floyd en tête de liste. Mais là où de nombreux groupes tendent à épurer leur musique pour se rapprocher de plus en plus des modèles, quitte à finir par se ressembler (suivez mon regard), Out5ide a choisi de conserver sa patte. Et c’est tout ce qui fait son intérêt. Le son et le style du groupe sont à cheval entre plusieurs univers. Les sonorités assez brutes peuvent évoquer les seventies, côté prog ou hard rock, la construction des titres est clairement prog, mais le feeling est plutôt rock alternatif. Ce qui aboutit à d’excellents titres où le groove, la douceur, la rage, la simplicité et la technique se répondent tour à tour sans jamais que l’une chasse vraiment l’autre. Il faut dire que les musiciens ont de la bouteille. Avec quelques albums autoproduits derrière eux et des kilomètres de bitume bouffés pour des concerts, ils ont eu l’occasion de capter ce qui fonctionne ou pas sur scène. Pourquoi je parle de scène ? Parce que, s’il est entendu que le prog prend tout son sens en studio, lieu propice à l’expérimentation et au peaufinement d’ambiances complexes et riches, pour Out5ide, on sent que cette étape n’est pas une fin mais un moyen. La musique n’a de raison de vivre que si elle est partagée, et lorsqu’on ne bénéficie pas de grands moyens médiatiques comme c’est le cas pour le quintette, on a pas trop le choix. Alors à l’écoute de ce très bon album, on se demande si on doit leur souhaiter de le gagner à l’avenir, au risque qu’il y perde cette spontanéité et cette personnalité. « Tumbleweeds » n’est pas exempt de (petites) longueurs, mais ça reste un extra-terrestre en territoire prog, et rien que pour ça, il mérite d’être porté aux nues !