Même pas huit heures du matin. La pluie tombe sur les vitres sales d’un train de banlieue rempli d’inconnus aux yeux hagards et aux gestes maladroits. Les paysages défilent, on traverse une à une des gares désertes, comme pour vérifier qu’on est seul. C’est le moment idéal pour écouter ce nouvel album du grand suédois, qu’on dit revenu à de meilleures dispositions après deux albums en demi-teinte. Et de constater qu’un autre que soi le ressent, ce spleen qui nous accompagne. En quelques titres nous voilà revenus quelques années en arrière, quand les deux premiers albums de « triple J » nous émerveillaient par leurs titres d’une beauté cinématographique, portés par la voix magique de cet être venu du froid. Rassurez-vous, ce mélange entre rythmes électro, orchestration hybride et chant classique n’a pas vieilli. Il porte en lui quelque chose d’immuable, d’intemporel, de « classique » au sens noble du terme. On pourrait bien sûr s’extasier sur tel ou tel titre, mais ça semblerait ici bien futile. « The Long Term Physical Effects Are Not Yet Known » est un disque exceptionnel, point.
Jay Jay Johanson : She does’nt live here anymore