On a déjà pu le constater à bien des reprises, derrière les titres de punk les plus enlevés se cachent des petits bijoux pop, et donc des songwriters chevronnés. Joey Cape m’avait déjà impressionné avec son premier « vrai » album solo, « Bridge » (2008), dont le titre « No little pill » revient régulièrement dans mes playlists perso, et que je trouve toujours aussi bon et pertinent. Le monsieur a un certain don pour les chansons pop folk mélancoliques, et ça tombe bien, puisque c’est ce qu’on va trouver ici. Il faut dire que, si le titre de cet album parlera forcément à chacun d’entre-nous, pour Joey il se révèle dramatiquement à propos. En effet, durant les derniers mois, il a du mettre fin prématurément à la tournée de Lagwagon, s’est retrouvé en quarantaine dans une chambre d’hôtel, a perdu son père, mis un terme à son couple après de nombreuses années de vie commune, contracté la Covid, et a été obligé de revenir vivre au domicile parental. Ça fait beaucoup, et ça justifie bien un exutoire en forme de douze titres sensibles. De celui cité plus haut, je trouve d’ailleurs le reflet dans quelques titres dont la touchante « The poetry in our mistakes ». Quelques autres comme « Check your ego at the door » s’avèrent plus légers mélodiquement, se rapprochant d’une americana folk plus « locale ». D’autres encore comme « Under the doormat » se font plus énergiques. Joey Cape se livre en tout cas ici sans fard au sein de titres assez courts et simples ; l’album a été composé et enregistré en autarcie ou presque dans le home studio du domicile familial, il en a conservé ce côté intimiste et chaleureux. « Good year to forget » n’est rien d’autre que le témoignage désabusé et authentique d’un homme, et ne vous chamboulera peut-être pas, mais ça reste une preuve éclatante que le monsieur sait écrire de belles chansons.
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