
Vous n’avez jamais entendu une note de Joanna Wang ? Moi non plus. « Hotel La Rut » est ma première expérience avec elle, alors que c’est son… douzième album si je compte bien. Pourtant, la jeune femme n’a que 35 ans, et ne fait de la musique que depuis 2008. Bourreau de travail, Joanna jouit d’influences bigarrées et plus larges que beaucoup de ses contemporain(e)s de par une double culture ; née à Taipei, elle suit sa famille aux Etats-Unis où elle grandit, découvrant la pop et d’autres choses, puis elle revient à Taiwan à la fin de son adolescence. La chanson-titre ressemble à un mix musique de film / pop (c’est l’une des grosses influences de la jeune femme). « I believe that all his words are true » en poursuit presque la mélodie, mais avec plus de rock prog dedans. On détecte aussi quelque chose de presque baroque, une forme de tragédie un peu surannée, plutôt seventies et art rock. Le tout avec une légèreté, une candeur que l’on associe facilement aux productions musicales et cinématographiques asiatiques (ou du moins à certaines). Il y a aussi ce mépris du formalisme ; de courts morceaux, de longs titres, des influences et ambiances qui se télescopent allègrement… Joanna Wang fait clairement ce qu’elle veut sans se soucier le moins du monde que ça corresponde à un quelconque standard. Vous accrochez ou pas, elle s’en fout, elle continue son truc. Et son truc est un peu dingue, clairement. C’est pas toujours accrocheur, parfois je passe totalement à côté, parfois j’aimerais que ça dure plus longtemps, ou que ça soit accompagné d’une vidéo tellement ça a l’air surréaliste (regardez juste la tracklist, vous comprendrez). « Hotel La Rut » n’est pas un disque qui plaira à tout le monde. C’est un pur album de niche. Sauf que la niche a été attachée à un petit poney qui habite au pied d’une montagne sur laquelle poussent des voitures de stock car peintes aux couleurs de tous les pays du monde. Mais cette whatzefuckerie assumée, cette personnalité vraiment unique, ça n’a pas de prix, et c’est ça qui est bon !