Est-ce que Jeff Le Nerf fait partie de la noblesse du hip-hop ? En tout cas, ça fait longtemps que le natif de Grenoble a gagné ses galons. Le libano-italien s’amène aujourd’hui avec un album toujours empreint de parler vrai et de savoir-faire old school. Pas de concept, pas de langue de bois, le bientôt quinqua nous expose la vie telle qu’il l’a connue et qu’il l’a connaît ; sombre, dure. Il fait forcément des constats encore plus alarmants que sur son disque précédent ; d’année en année, on ne peut pas dire que les choses s’arrangent dans notre société. Il fait le constat amer d’une jeunesse qui s’enfonce dans une logique d’autodestruction sans même sans rendre compte, avec laquelle on a perdu la connexion. « Sang bleu » est pourtant un message à celle ici autant qu’aux anciens qui le suivent, lui et sa clique, depuis des années. Il y ressasse ce qu’il a vu, ce qu’il a vécu, ce qu’il a vaincu, évoque ceux qui ont été vaincus, et comme d’habitude, il enchaîne les titres egotrip bien chargés en punchlines et en verbe acerbe et flow affûté. Si tout le monde est d’accord pour dire que ce mec est capable de pondre des diamants, on remarque quand même que son côté old school b-boy et ses rimes qui parfois sentent bien les nineties l’écartent forcément des podiums du genre. Et d’ailleurs, il n’en a pas grand-chose à carrer, le revendiquant même à plusieurs reprises. Les diamants en question, je vous les livre ici ; « C’est la base », « Mode de vie », « 21 grammes » (bonne idée de l’avoir mis en ouverture), « Sang bleu », « Toz ». En 40 minutes, Jeff Le Nerf livre un autre album d’une street credibility jamais remise en question, puisque le mec ne l’a jamais quitté, la rue. Après oui, c’est pas ça le rap en 2025. Bah revenons-y, ça ne fera de mal à personne…
