
A regarder la pochette de ce troisième album du groupe natif de Pittsburgh en découvrant les toutes premières secondes de « Counting », on pourrait se dire qu’on va se faire un disque de hippies. Oui, possible, mais des hippies modernes alors, de ceux bercés trop près du mur d’enceintes, option infusion d’herbes « médicinales » dans le biberon du matin. Jakethehawk présente son art comme du « desert rock des Appalaches ». Dans les faits, on a un style qui doit autant au heavy doom qu’au shoegaze, mais doté d’une voix claire (les trois quarts du temps), qui confère au genre un côté plus accessible aux « non metalleux ». Bien sûr, les six titres de ce disque restent marqués par une lourdeur et une puissance sonique typique, mais effectivement, on ne peut que valider le qualificatif « rock ». D’une durée moyenne de six minutes, les titres ont l’intelligence de ne pas se perdre en conjectures : le riff, le riff, toujours le riff. On y ajoute quelques variations, des variations d’intensité aménagées par des passages plus calmes et bucoliques ça et là, mais globalement on est pas bousculés, on reste dans un schéma assez classique, et les aspects les plus psychédéliques du groupe ne sont pas de nature à nous perdre dans un océan d’images kaléidoscopiques. En fait, Jakethehawk est capable d’un certain raffinement pour le genre ; un titre comme « Still life » pointe bien ça à mon sens, utilisant même les gros riffs avec parcimonie au sein d’une construction intelligente et particulièrement efficace. L’utilisation quasi-systématique de parties de guitares acoustiques ou semi-électriques aère les morceaux et nous fait apprécier plus encore les montées de son. « Hinterland » est un disque dont on ne perçoit pas immédiatement les qualités, mais qui distille au fur et à mesure de l’écoute un plaisir qu’on avait rarement éprouvé, par le biais d’un dosage vraiment juste de lourdeur et légèreté. Cool !