
Le problème avec le death progressif, c’est que le genre a vu sa population tellement se multiplier ces dernières années que les formations se sentent obligées de jouer la surenchère pour sortir du lot. Plus de notes, plus de thèmes originaux, plus de brutalité, plus d’orchestration… Inferi, dont « Vile genesis » est le cinquième opus, a lui choisi d’aborder le problème autrement, et de parfaire l’alchimie entre brutalité, technicité et mélodie. Et je dois dire qu’il se débrouille pas mal. Dès les premières secondes de « No gods but our flesh », je suis sous le charme ; une belle intro orchestrale, une partie de basse hyper-classieuse, et une attaque en règle bien grandiloquente, suivie d’une partie brutale et technique viennent m’inviter à rejoindre la fête. J’avoue même que c’est l’une des meilleures entames que j’ai jamais entendues. « Maelstrom prison » qui lui fait suite va plus loin dans le délire en démarrant avec un riff très mélodique, et lent. On ira pas jusqu’à parler de balade avec les vocaux death / black qui arrivent derrière et l’ambiance horrifique qui s’en dégage, mais ça reste osé, même si finalement le titre n’est pas le meilleur de la galette. Mais inutile de les comparer les uns aux autres ; chaque titre de « Vile genesis » porte en lui quelque chose de magique. On peut bien sûr pointer du doigt le jeu des guitaristes, et les impressionnants soli disséminés un peu partout, qui amènent un réel souffle épique. Mais la maîtrise des instruments est une constante parmi les membres, et personne ne peut être pris en défaut à ce niveau. Les compositions enchaînent les mélodies, les lardent de passages violents, les truffent de breaks malins, et le duo de voix vient parfaire le tout, pour un résultat vraiment détonnant et équilibré. Après plusieurs écoutes, aucun essoufflement ; le feeling et le doigté font toujours mouche : ça, c’est de la sortie qui fait la différence !