Je sais que beaucoup n’en doutent pas, mais je le réaffirme ici : écouter de la musique, découvrir par quoi et pourquoi les disques naissent, de quoi ils parlent, ça instruit. Parfois sur sa propre patience et résistance, sur sa faculté à changer (de plage?), parfois tout court. « 1961 » est le seizième album du duo des frères Humberstone. Au cours des années, ils se sont toujours investis dans leur art, y ont mis une part d’eux-mêmes, tout en manipulant des concepts parfois abstraits et ésotériques. 1961 est une année spéciale à leurs yeux à plusieurs niveaux : c’est l’année de leur naissance, le vingtième anniversaire de la formation de In The Nursery, et c’est de plus une année strobogrammatique. Vous ne maîtrisez pas ce terme ? Et si je vous dis que la prochaine c’est 6009, c’est mieux non ? Enfin, bref, « 1961 » est un album spécial. Pourtant, In The Nursery n’y révolutionne pas sa façon de faire. Bien entendu, le groupe a toujours été mu par la volonté d’expérimenter, de créer au travers d’un prisme tout à fait personnel, mélangeant post rock, musique de film, rock gothique, musique électronique et dark ambiant. Une musique pas là pour passer en radio, qui ne cherche pas à plaire à tout prix, mais à évoquer, à la fois ici des événements lors de cette fameuse année (premier vol orbital, construction du mur de Berlin, création d’Amnesty international…), mais prenant aussi racine dans l’imaginaire collectif et les œuvres particulières (ITN a toujours été très littéraire). Le profane y verra déjà un disque d’une grande richesse stylistique. « Until before after » se situe entre post punk martial et post rock. « Torschluss panik » donne plus dans la musique de film / spectacle. « Consul » se rapproche des heures les plus ambiant d’ITN, « Grand corridor » évoque un Interpol qui aurait plongé dans le rock indus martial… Bref, beaucoup de diversité et d’ambiances différentes et complémentaires ici, de quoi satisfaire même les plus exigeants. Et une nouvelle preuve de la fertilité des esprits des Humerstone !