Non, ce « 21 » là n’a rien à voir avec Adèle. Il ne s’agit pas non plus de l’âge d’un dénommé « Hila ». En fait, Hila est un duo franco americano arménien formé d’un violoncelliste et d’un producteur, et « 21 » se rapporte au nombre de jours nécessaires pour bâtir ce premier album. Un album fortement teinté de l’identité arménienne, mais qui s’exprime de façon assez originale du fait des parcours et goûts sensiblement différents de ses géniteurs. Ce qui fait que, si vous n’avez pas vous-mêmes cette culture musicale, il est fort probable que vous ne puissiez faire le rapprochement géographique. Tout au plus verrez-vous ici une nouvelle tentative de fusion electro world jazz. Fusion réussie, il faut le préciser, même si beaucoup moins digeste que chez d’autres acteurs du « genre ». Il faut dire que les sonorités, et dans chaque genre d’ailleurs, ne sont pas forcément très modernes. On entend du hip-hop assez raide et rétro, des éléments folk et psyché, du violoncelle, des passages plus funk jazz ou jazz tout court se bousculer. Le tout sans vraiment de vocaux, à part sur l’introductif slam « Perfect fifth » qui m’a laissé croire un instant être tombé sur la relève de Saul Williams, et « Xash song » ou « 22 » qui n’emploient que des samples. Alors la question est posée ; à qui s’adresse ce projet ? Pas aux amateurs de world music, puisque pas assez franc dans le genre. Pas aux amateurs de jazz, car empruntant trop aux autres styles. Peut-être aux fans d’electro, car une partie le trouvera pas assez dansant, l’autre pas assez pointu. Bref, « 21 » ne se facilite pas la tâche, et pas sûr que sa volonté de se faire passerelles entre deux époques et deux mondes, à l’instar de sa patrie, coincée entre influences orientales et occidentales, ne se solde par une rencontre avec un public massivement réceptif. Mais ce qu’on ne peut pas lui enlever, c’est sa personnalité, et sa volonté de ne pas faire les choses comme tout le monde, de ne pas verser dans le convenu et le trop facile. Et rien que pour ça, il faut être curieux !
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