
En lançant l’écoute de ce nouveau projet très spécial de la formation écossaise, je me rends compte que depuis 2012 et « Archipelago », je n’ai pas pris de nouvelles de Hidden Orchestra, et ce même si j’avais été impressionné par sa musique. Pensez donc, vous pour qui c’est une découverte : du trip hop en prise de vue panoramique, propulsé par deux batteries, et des orchestrations luxuriantes flirtant légèrement avec le jazz. « Creaks » est un jeu vidéo indépendant de style aventure – réflexion, doté d’une personnalité et d’un style inimitable et original, à la frontière entre roman graphique, film d’animation et film burtonien / gaimanien. Il fallait bien, pour lui rendre justice, l’accompagner d’une musique énigmatique et fantasque. Je n’ai hélas pas eu l’occasion d’y jouer, mais à l’écoute de cette bande originale, je ne doute pas d’y trouver à la fois des zones où l’action est rythmée, et d’autres où on se retrouve à enquêter perdus dans un monde étrange et surréaliste. Ce qui me frappe avant tout, c’est de retrouver l’atmosphère des premiers Hidden Orchestra intacte ; la beauté, la magie sont toujours là, non pas tapies mais en perpétuelle éclosion au milieu des cordes, instruments à vent, percussions et motifs électroniques (plus présents je trouve). J’avais commencé à faire la liste de mes titres préférés, mais je me suis rendu compte que celle-ci évoluait au gré des écoutes et des humeurs, donc je m’abstiendrais de vous les citer. De toutes façons, il y a des chances que vous ne les découvriez pas tous d’un coup. Parce que même si on se laisse facilement prendre et capturer par la musique de Joe Acheson, c’est un menu gargantuesque qu’il nous a concocté ici, avec 21 segments pour plus d’une heure quarante de musique. Il a fallu cinq ans de travail au monsieur pour les assembler (et les réarranger de façon plus classique pour nos oreilles), et cette somme de travail est perceptible dans chaque arrangement. Tout simplement grandiose, cet album qui n’en est pas un m’a redonné envie de suivre de près l’écossais qui, s’il n’a que peu changé son modus operandi depuis la création de cet alter ego musical, a encore et toujours d’immenses qualités, et une sensibilité qui me correspond totalement.