Midlake fait partie des groupes qui ont su redonner à la musique folk un nouveau souffle, en capitalisant sur les techniques et qualités de composition de leurs aînés et en y joignant une écriture décomplexée. Tim Smith, l’ex leader qui s’avance désormais en solo (enfin, pas vraiment, puisqu’il œuvre ici avec sa nouvelle épouse Kathi Zung), ne s’est jamais vraiment soucié de l’image qu’il pouvait renvoyer, de l’époque dans laquelle il évoluait. Son crédo, c’est développer un folk sensible et honnête. Alors oui, la pochette d’ « Albion » pourrait bien faire penser à un vieux disque de Cabrel avec son look très seventies et assez « chevaleresque ». Le disque commence par la très jolie et mélancolique « The pleasant grey ». Mais l’electrochoc, celui qui nous replonge directement dans la magie de Milake, c’est « I am the seed ». Quand le chant arrive, toutes mes défenses tombent, au point que j’ai vraiment beaucoup de mal à passer à la suite ; je veux juste vivre ce moment pour toujours. D’ailleurs, en comparaison, « A fountain » et les suivantes semblent plus palotes. Ce qui ne signifie pas que ce disque soit décevant ; il est porteur d’une pureté et d’une simplicité aussi étonnantes que bénéfiques. Une évidence dont il est difficile de détourner les yeux (et les oreilles) quand des titres comme « Silver wings », « Seven long suns » et « Throne of amber » arrivent. Pourtant, « Albion » est loin de n’employer que des artifices folk. Harp est né d’une séparation et de deux rencontres. Celle avec Mme Zung citée plus haut, mais aussi avec « Faith » de The Cure. J’aurais été curieux de voir ce que ça aurait donné avec « Pornography », mais soit ; les sonorités froides des années 80 se marient plutôt bien avec les ambiances bucoliques que l’on connaît déjà. Et si le résultat global est un peu moins spectaculaire que ce que j’en espérais, ça reste un très bon nouveau départ.
