« On the shoreline » est le sixième album de Frontier Ruckus, et il est sorti grâce à un financement participatif. Moi, ça m’interroge sur la logique des labels et de la circulation de l’art. A l’heure où on se rend enfin compte que les richesses sont inégalement réparties entre sexes, entre conditions sociales, entre pays et continents, une autre inégalité est en train de se creuser dangereusement. C’est un fait, et je m’en carre de passer pour un vieux con en l’affirmant ; on a beaucoup plus accès aujourd’hui à de la musique de merde, pauvre en mélodie, en paroles et en créativité, réalisée de manière machinale, avec des recettes toutes faites, qu’à ça. Et il en faut pour tout le monde, ok, pas de souci ; mais la balance est inégale, et elle penche en faveur d’une paupérisation intellectuelle. Ceci dit, c’est sûr, Frontier Ruckus n’est pas le combo le plus avant-gardiste au monde, et il s’appuie largement aussi sur une tradition musicale folk. Mais il est honnête dans sa démarche, il fait de la musique avec le cœur et quand on lit ses paroles, on a pas juste l’impression d’ouvrir la porte du frigo pour se trouver face à un truc vide, froid et industriel. « On the northline », c’est un folk acoustique à base de guitare, banjo, harmonica, trompette, batterie et voix, en gros. Le groupe ne cherche pas à réinventer la roue, mais amène quand même quelque chose de rare. Une espèce de rencontre entre un Musée Mécanique, un Grandaddy et un Midlake. Ni complètement folk, americana, indie pop, mais quelque part entre les trois, avec un gros sac de nostalgie dans le dos. Aucune chance de croiser ça sur les ondes, ni dans la bande originale d’un blockbuster, ni à l’ouverture des J.O. Mais quel bonheur de le déguster en solo, au calme, et de pouvoir en apprécier toutes les subtilités ! Si « Swore I had a friend » et « I’m not the boy » arrivent en tête, les autres y restent facilement aussi. Recommandé !
