Troublé par la puissance du single « The Songs That We Sing », sa basse fretless, ses cordes voluptueuses, je me jette à corps perdu sur Charlotte Gainsbourg, ou plutôt sur « 5:55 », l’album de la demoiselle, sur qui je n’aurais pas misé un kopeck il y a de ça quelques semaines. Toujours prêt à m’enflammer, j’entame l’écoute les oreilles grandes ouvertes. Et là, c’est le drame. Là où je rêvais d’un improbable mélange entre le meilleur de Gainsbourg père, des derniers Blonde Redhead et de Air, je me retrouve avec deux premiers titres mous du genou, limites irritants d’immobilisme, ou la coolitude poussée à son paroxysme confine à l’ennui. « The Operation » s’emploie à remonter la pente, « Tel Que Tu Es » entretient la flamme, le single déboule, emportant tous les suffrages, et puis on redescend d’un cran. L’instrumentation, le rythme, le ton de la voix sont les mêmes sur tous les titres ou presque, même si ça s’énerve le temps du refrain sur « Everything I Cannot See », un des titres les plus réussis de l’album. Ce « 5:55 » peut certes être qualifié d’intimiste, de crépusculaire, de caressant. Mais on peut aussi dire lent, long et ennuyeux.
Charlotte Gainsbourg : The songs that we sing
Charlotte Gainsbourg : The operation
Charlotte Gainsbourg : 5:55