
Faten Kanaan est née en Allemagne mais est d’origine syrienne, palestinienne, jordanienne et libanaise, et réside à Brooklyn. De cette courte présentation, on saisira déjà la richesse sous-jacente de ses influences culturelles et musicales. Et si je vous dit que la dame a étudié le piano et la musique classique, avant d’apprendre à jouer du violoncelle, de la harpe et du oud, et enfin de bifurquer vers les claviers ? Y’en a un peu plus, j’vous le met quand même ? Elle est également diplômée en Beaux Arts, biologie et littérature française. « Afterpoem » est le cinquième album de Faten Kanaan et met à profit son goût pour la musique électronique, de film et répétitive autant que pour le neo classique. Ses 13 titres sont beaucoup plus fluides et moins conceptuels que sa pochette (je ne sais pas pourquoi, je fais une fixette sur les artworks en ce moment), même si l’impression de mouvement naturel tranquille de celle-ci rend assez bien l’ambiance du disque. Tranquille certes, mais pas béate ; si certaines ambiances sont contemplatives, d’autres sont plus froides ou inquiétantes. Dans tous les cas, des mélodies simples, des développements plus ou moins longs (les titres oscillent entre quelques dizaines de secondes et 5 minutes), un univers où, effectivement, la poésie s’invite sans jamais paraître pompeuse. Tous les titres ne sont pas essentiels, pour ma part j’aurais bien retiré la doublette « Florin court » / « Snowing », mais l’ensemble reste intéressant par sa façon de revisiter la musique minimaliste en y intégrant un traitement électronique et en y intégrant de discrets mouvements et techniques neo classiques. Bien sûr vous allez me dire ça fait des années que la musique électro utilise le contrepoint (le fait de superposer des lignes mélodiques distinctes) sans même le savoir, mais tout cela fait quand même de « Afterpoem » un disque aussi singulier qu’intéressant que cependant ses changements d’humeurs réserveront peut-être à un public de niche : malgré son caractère posé, on est pas dans l’easy listening ici.