« Houston, on a un problème : le nouvel album de Narrow Head sonne nineties, et il a l’air nineties aussi ! ». Et en quoi est-ce un problème me direz-vous ? Bah oui, après tout, c’est assumé non ? Oui, probablement. « Moments of clarity », le troisième album du combo, se partage donc entre rock alternatif, shoegaze, grunge et emocore. On ne peut pas dire que ce soit frais, on a déjà entendu ça souvent et plus près probablement (le groupe est Texan). Ce qui distingue Narrow Head de ses camarades ? Peut-être cette dose d’amertume qui nappe ses titres, un peu comme si le Failure de « Magnified » avait abusé des anti-dépresseurs ? De ce que j’ai pu lire, ce « Moments of clarity » est bien plus lumineux que ne l’était l’album précédent « 12th house rock ». Ok, on va donc dire qu’il y a donc une propension naturelle de ses auteurs à produire des choses baignant dans le formol. Attention, je n’ai pas dit que c’était mauvais, mais pour moi « Moments of clarity » porte magnifiquement son titre, en naviguant entre deux eaux, prêt à se noyer à tout moment, puis sortant la tête de l’eau pour entrevoir le soleil et tenter de s’en sortir. Ce qui ne m’a pas empêché d’en apprécier certains passages : le gros son et le côté assez régressif font tout de même leur petit effet. Mais de là à le voir blindé de tubes comme j’ai pu le lire ici et là, il y a un pas que je ne franchirais pas. « Moments of clarity » est un pur produit de la scène ricaine, entre neurasthénie et white trash, mais également avec cette dose de distance aux choses qui le rend cool mais l’empêche peut-être de nous toucher un peu plus. Dommage ou pas ? A vous de placer le curseur où vous le sentez, en tout cas Narrow Head s’en fout et continue son chemin, fêtant ses 10 ans de carrière avec un disque qui résume tout ce qu’il est.
