Fassine est un trio londonien qu’il est difficile de définir, employant des éléments électroniques, voir mainstream au sein d’une pop assez légère mais aux contours flous et aux structures équilibristes. Certains les qualifient d’electro pop. Pas d’accord. D’autres de dream pop. Pas d’accord non plus. Eux se définissent comme « alternative / cinematic ». C’est pas beaucoup plus limpide. Le terme fourre-tout de pop / rock indé est ce qui se rapproche le mieux de la musique que le groupe produit. Fassine bénéficie du soutien de quelques gros médias anglais, et a pu voir certains de ses titres atterrir sur des bandes originales de séries à succès ou émissions populaires. Tant mieux pour lui, c’est bien mérité. Est-ce que ça va aider le groupe à sortir de sa condition de groupe « pour initiés » et rencontrer le grand public ? Je ne parierai pas là-dessus. On est trop ici dans le clair-obscur ; une exposition à la lumière crue gâcherait toutes les nuances de la musique de « Forge ». Même les reprises dont le groupe aime doter ses albums ne sont pas ce qu’il convient de qualifier d’ « évident ». Regardez plutôt ; XTC (« That wave ») il y a quelques temps, et ici… Paolo Conte (« Max » revu de façon indie pop industrielle). Pas de quoi passer en heavy rotation sur une radio, vous en conviendrez. Non, les titres de ce troisième album n’y sont pas destinés. Ils tourneront, en revanche, dans la tête de ceux qui leur prêteront un peu d’attention, pour peu qu’ils soient sensibles à leurs arguments. Car chaque titre de Fassine est un mélange habile et explosif de beauté, mélancolie, menace et surréalisme. Trip hop, indie pop, dream pop, rock alternatif, rock gothique, chacun est un peu tout ça à la fois, et ça peut être assez déstabilisant. Si bien qu’on ne sait pas vraiment quoi en penser… et qu’on réécoute le tout, pour mieux comprendre non pas ce qu’on écoute mais ce qu’on ressent. Fassine fait donc de la musique qui interroge. Elle pourra ensuite soit séduire soit rebuter, c’est vrai, mais elle a au moins ce mérite, et c’est déjà assez rare !
Related Posts
- 10000S’extirper du quotidien, du rythme incessant des sorties, et replonger dans ma discothèque personnelle pour partager des pépites inconnues, c’est une des missions que je m’étais assignées à la création d’Adopte Un Disque. Et j’avoue qu’elle n’est qu’en partie remplie, puisque je suis un boulimique invétéré de nouveautés. Mais une…
- 10000Je vous ai déjà parlé en ces pages de The Craftmen Club. Eh bien, Thomas Howard Memorial est né de la cuisse du combo, à la base comme un simple side-project folk. Et puis comme toutes les créatures de ce type, il a grandi, muté, et aujourd’hui c’est une entité…
- 10000Formé dans l'Indiana selon une formule assez inédite sinon rare puisque le groupe compte une violoncelliste à plein temps, Murder By Death s'inscrit dans une scène country alternative alors en pleine expansion au début des années 2000 aux USA. « In bocca al lupo », son troisième album, nous arrive en 2006…
- 10000Je ne connais Yuck que de nom, et n’ai jamais écouté Cajun Dance Party. Je suis donc assez mal placé pour vous parler du passé musical de Daniel Blumberg. Mais est-il besoin de le connaître pour profiter de ce premier album solo et en déceler toute les richesses ? Certainement pas.…
- 10000Ceux qui connaissent Ben Folds et sa musique le suivent. Il faut dire que le quasi-quinqua a un talent indéniable pour écrire des pop songs simples mais parfaites. « So there » , cinquième album solo, le voit se frotter de près à un orchestre de chambre, magnifiant encore un peu plus son…
Il faut avouer que c’est surprenant et l’envie de réécouter est là