
Dans « San », Orelsan rappait : « Où sont passées les stars de ma jeunesse? Morts ou devenus des parodies d’eux-mêmes ». Est-ce que c’est le destin de tous les artistes ayant bénéficier d’une explosion médiatique ? Peut-être. Mais la question c’est peut-on y survivre, s’en relever ? La mauvaise copie de lui-même, Eminem l’a déjà expérimentée depuis un moment, malheureusement. Et cette mort annoncée de son alter ego mal élevé et irrespectueux au possible, c’est peut-être justement la réaction qu’on attendait… Franchement, peut-on vraiment capitaliser autant d’années sur un personnage aussi immature et inconséquent ? Ah ah, bien sûr qu’on peut ! Et Eminem le sait bien ; il l’exprime d’ailleurs clairement ici. « The death of Slim Shady » est un album-concept, au sein duquel on assiste à l’affrontement du Eminem d’aujourd’hui et de ce personnage qui dit tout haut et sans filtre ce que l’autre pense tout bas. C’est quoi d’ailleurs le message derrière tout ça ? Est-ce que, de nos jours, ce genre de voix dissonantes et volontairement outrancières sont de trop ? Je vous laisse juge. Ce que je vous annonce, par contre, c’est que l’ex blondinet le plus détesté de l’Amérique a mis le paquet pour que les funérailles soient mémorables. Le flow est imparable, les instrus sont impériales, les featurings sont bien choisis… Vous pouvez trouver ici des titres comme on en a pas connus depuis trèèès longtemps, et qui rappellent s’il en était besoin pourquoi il a eu cette carrière. Mais, il y a un mais. Oui, c’est un énorme disque d’Eminem. Mais son positionnement « la mort de quelque chose » ne colle pas vraiment avec le contenu. Parce que, encore une fois, Eminem fait du Eminem, à la façon d’Eminem ; vous cherchez les changements, la plus-value ? Bon courage. Alors, c’est du fan-service ? On en est pas loin. De « Renaissance », en tout cas, il n’en est pas vraiment question. Ce qui n’empêche pas qu’on puisse apprécier la grosse tranche de hip-hop qui nous est servie ici (19 titres, plus d’une heure et quart de musique, on est pas volés). Et allez, Eminem se livre quand même comme il sait le faire sur plusieurs titres où il met de côté le(s) personnage(s) pour faire parler l’homme (« Somebody save me », « Temporay »…). Alors oui, ça passe encore, on peut même dire que c’est un disque réussi, même s’il n’apporte « que » ce qu’on s’attendait à trouver (en mieux quand même).






