Oui, l’artwork de ce premier album d’Anna Lena Bruland alias Eera abonde de choix esthétiques discutables. En soi, ça n’est pas très engageant. Mais si vous décidez à passer outre, vous ouvrez la porte à un univers d’une richesse assez incroyable. « Living » a beau débuter comme une ritournelle pop lo-fi indie, elle montre vite une nature changeante, une épaisseur inattendue, et une drôle de douceur ampoulée. Et au fur et à mesure de l’avancée du disque, on se rend compte que c’est ce qui semble être la marque de fabrique d’Eera, qui aurait tout aussi bien s’appeler Eerie. Sous des dehors très indie pop, elle parsème ses titres d’effets, de mélodies et d’ambiances véritablement inédites et envoutantes. Des dix titres de ce premier album, impossible de dire lequel est le meilleur, le plus réussi. En sortant, on garde en mémoire une certaine forme de mélancolie, de la douceur, une amertume tenace… et l’impression que ce disque tient de la sorcellerie tant il s’avère fascinant et vénéneux à la fois. « Reflection of youth » est magique, mais plus chimère que licorne, et sa créatrice vient de gagner sa place parmi les plus belles découvertes de l’année pour moi, rien de moins. Comme quoi, ça valait vraiment le coup de mettre de côté ses préjugés et plonger tête la première !
Eera : I wanna dance