
Les finlandais de Draugnim ont mis presque huit ans à accoucher de « Verum malum », leur quatrième album. Celui-ci vient nous expliquer que l’homme est profondément mauvais, que ça s’est vérifié de tout temps et en tout lieu au travers des siècles, et qu’il a beau essayer de noyer cette nature profonde, elle prend toujours le dessus. Sans blague, et il fallait huit ans pour ça ? Ah, mais tais-toi, nature profonde ! Non, mais ne partez pas ; si le thème est effectivement assez éculé, la musique, elle, valait la peine d’attendre. Le groupe parvient, tout en privilégiant une forme d’expression encore très underground et puriste, à insuffler une puissance et une majesté à ses titres grâce à une utilisation très immersive des claviers, qui pour autant ne vient pas contrecarrer la charge des riffs et l’intensité des rythmiques. Si tout commence de façon très classique par une intro ambiant avant que la musicalité dark / black ne se déchaîne sur « Traitor’s crown », cet excellent titre introductif est vraiment bien pensé, et sa longueur n’est pas un obstacle à une adhésion rapide et sans appel de ma part. Le fait que le son des grattes et surtout la voix se rapprochent du death mais avec une écriture black y est également pour quelque chose. Ce n’est certes qu’un petit twist, mais il suffit à penser que Draugnim cultive une différence qui le distingue des autres formations du genre… tout en le rapprochant de formations comme Thyrfing ou Windir. On se rend rapidement compte que ce format est commun aux six titres de l’album, et ça pourrait être décevant si chacun n’était pas mu par des mélodies efficaces et porté par des structures solides. Mais voilà, le groupe est franchement inspiré sur ce disque, et il est vraiment difficile de vous dire quel titre je préfère tant chacun est mu par une force propre. J’en viens presque à oublier le caractère très « raw » de l’artwork et à y voir une proposition certes maladroite mais plus conceptuelle et moins académique que chez les voisins. Très bon !