Né de l’esprit malade d’un Rubin Steiner toujours aussi boulimique de projets, Drame est né de pas grand-chose. Un peu de temps, quelques instruments, et l’envie de se faire plaisir, et de revisiter un kraut rock qui ne cesse d’être cannibalisé ces derniers temps. Des intentions louables certes, mais seront-elles suffisantes pour tenir l’autobahn le long d’un disque ? Et bien, contre toute attente (je suis toujours un peu sceptique concernant les disques composés et enregistrés en quelques jours et sans plan en tête), oui. De mélodies répétitives en digressions electronico-progressives, la formation parvient à installer des ambiances plus diversifiées qu’on aurait pu le croire et à ficeler un album qui ne souffre pas trop des limites naturelles de son matériau d’origine, en grande partie grâce à l’inventivité et l’ouverture d’esprit de ses géniteurs, et surtout leur souhait de ne pas formater leur musique. En effet, détail qui a son importance, Drame s’abstient de respecter un quelconque schéma, particulièrement en terme de durée des titres, laissant à ceux-ci le loisir de s’étaler quand il le faut, et les écourtant si besoin. Après, c’est certain, un tel objet est tatoué contre le succès populaire, et ne s’adresse qu’à un public restreint. Mais il reste assez bien foutu pour intéresser qui y jettera une oreille, et on ne peut qu’encourager Drame à renouveler l’expérience !