Le troisième album du rappeur Dooz Kawa sera donc celui qui m’introduira dans l’univers fantasque, original et littéraire du strasbourgeois. Qu’on s’entende ; vous pouvez continuer à me traiter d’inculte parce que je ne comprends pas la poésie et le côté visionnaire de Booba, je m’en fous. Moi, ce que je cherche dans le rap français, c’est ce que propose Dooz Kawa. Du texte malin qui égratigne volontiers la concurrence, mais jamais gratuitement. Des productions qui ne vont jamais chasser sur des territoires trop arpentés. Des rimes qui ne font pas doublon avec celles des copains, ou pas d’ailleurs. Dooz Kawa traîne dans le milieu depuis un bon moment. Il a eu l’occasion d’aiguiser sa plume, de se faire une autre idée du hip-hop, et aujourd’hui, il sait faire, il sait dire autrement. La preuve ? Des textes ciselés sans être prétentieux, qui ne boudent jamais un humour bienvenu dans la discipline, un flow solide mais à la couleur unique (qui peut accrocher autant que repousser), et des productions teintées de musique du monde, des balkans à la sicile, originales et beaucoup moins simplistes que chez les collègues. Tout ça aboutit à un excellent album, l’un des meilleurs que j’ai écouté depuis bien longtemps, chargé de titres classieux et percutants, parmi lesquels on peut citer « Soirée noire », « Brako », « Crépuscule d’apocalypse », « Gel douche au chocolat », « Si les anges n’ont pas de sexe », « trop jeune pour dormir »… En fait, on pourrait tous les citer. Très très bon !
Dooz Kawa : Soirée noire
Dooz Kawa : Me faire la belle