Ce nouvel album de Deportivo est l’occasion de s’interroger sur la place du compositeur et du producteur au sein d’un enregistrement, et du poids social de la mode. Car « Ivres et débutants » a été produit par Gaetan Roussel, meilleur ceci, meilleur cela, et donc proclamé vérité absolue et modèle par ceux qui « font » la musique. Et c’est peu dire que sa patte se ressent. La personnalité du groupe s’en trouve édulcorée, « facilitée ». Alors magie du producteur qui transforme le charbon ardent en diamant bien poli de supermarché, ou réelle intention de Deportivo de se faire plus caressant pour les oreilles, de toucher un public plus large que la fanbase de rock français énervé à la Noir Désir des 90’s ? « Ce monde est vieux » comme le dit le vocaliste Jérôme Coudane, et cette histoire déjà entendue ailleurs. Il est donc logique de penser que les torts sont partagés. Torts ? Ne serait-ce pas un parti-pris accusateur ? Oh que oui. Non pas que tout soit à jeter ici, plusieurs titres sortent même du lot et accrochent le tympan. Mais comme bien souvent dans ce genre de cas, c’est la lassitude qui l’emporte. « Ivres et débutants » est un disque d’opportunité ; on l’écoute et on l’apprécie parce que l’occasion se présente, mais on ne la provoque pas. L’urgence a fait place à un regard semi-critique semi-amusé sur le monde (« C’était cool », « Pistolet à eau »), comme si Deportivo était déjà fatigué, désabusé. Le début de la fin ?
Deportivo : Au saut du lit
Deportivo : Fais-moi comprendre
Deportivo : Ivres et débutants