
Le retour de l’un des groupes les plus adulés du siècle. Et à raison. Avec un titre qui fait référence à la perte récente d’Andy Fletcher, partenaire de toujours, parti trop tôt. A qui ça fait peur ? Aux deux autres ? Probablement. Mais pas que. A moi aussi, et ce même si j’ai envie d’y croire, et que je sais que le combo a toujours su composer des titres terriblement visionnaires et efficaces, en accommodant des recettes classiques avec des ingrédients actuels. Parce que mon envie de croire en quelque chose ou en quelqu’un ne m’a jamais fait fermer les yeux sur quoi que ce soit. Et là, ce « My cosmos is mine ». Je l’écoute deux, trois, quatre fois, six fois, mais je n’arrive pas à entrer dedans. Bien sûr, j’aime ses sonorités, son côté sombre… mais non, je ne comprends pas le reste. Malheureusement, pas beaucoup mieux avec une « Wagging tongue » ou une « Ghosts again », trop gentillettes à mon goût. En fait, j’ai l’impression qu’à l’instar du « Made in heaven » de Queen, « Memento mori » est plus fait pour rassurer les vivants que pleurer les morts. Heureusement, « Don’t say you love me » arrive et représente, malgré son goût de déjà-vu, ce que je voulais : de la tension, une grandeur tragique, de la classe. Elle est suivie de près par « My favorite stranger ». Ouf, la messe n’est pas dite. Mais « Soul with me » fait retomber la sauce. « Caroline’s monkey » et « Before we drown » ne sont pas mauvaises, mais pas assez pour ne m’arracher autre chose qu’une demi-adhésion. « People are good » et « Always you » sont bien plus convaincantes, même en surfant sur des vagues déjà maîtrisées ; globalement, les sonorités m’évoquent un « Ultra » remis au goût du jour. En lisant son titre, on se prend à espérer que « Never let me go » soit se la trempe de « Never let me down ». Bilan ? Ce n’est pas totalement le cas, même si elle se démarque par sa guitare électrique et qu’elle présente de jolies qualités mélodiques. Enfin, « Speak to me » referme le livre avec une mélodie assez lugubre et des appels désespérés… qui finalement se fondent dans le chaos ambiant, ce qui en rehausse le caractère vain. Me voici rassuré et déçu à la fois : « Memento mori » n’est ni la purge qu’annonçait ses premiers titres ni le chef d’oeuvre qu’annoncent les plus enthousiastes. Comme toujours chez Depeche Mode, la vérité est dans la nuance, dans le détail ; un bon disque qui louvoie entre la lumière et les ténèbres, ne sachant pas trop vers lequel se tourner, tourmenté à la fois par la recherche de réponses et celle d’une échappatoire…