
Cowboy Junkies a toujours été entouré d’une aura étrange, et ce en opposition à l’image lisse de sa composition (familiale et amicale, jamais d’embrouilles, un line-up incroyablement stable depuis sa formation en 1985). Son style entre folk rock, jazz, country et pop / rock alternatif est assez unique dans son genre, à la fois classique dans son agencement mais original dans ses ambiances. Pour ce nouvel album composé durant la période covid, le bassiste Alan Anton a pris une place plus importante dans le façonnage des morceaux. Les titres sont un peu plus agressifs et sombres, de l’aveu même du groupe. Cette inclinaison va de pair avec le thème de la perte exploré sur « Such ferocious beauties », débuté après la mort de la mère de trois des membres et durant le lent déclin mental et physique de leur père. Ce qui se ressent musicalement et n’est pas pour me déplaire. Avec sa voix qui a du donner des idées à une certaine Beth Gibbons, Margo Timmins confère une voix chaude aux accents tragiques à des titres à la mélancolie diffuse, gorgés de tradition américaine et de goût pour la dissidence. Tous ne sont pas transcendants, mais dès le départ avec une « What I lost » désarmante, on sait qu’on aura notre part d’émotion ici. Parmi les autres grandes réussites de l’album, je citerai « Flood », « Circe and Penelope », « Hell is real », « Mike Tyson (here it comes) » et « Blue skies », les autres arborant un look pop folk americana un peu plus / trop classique pour moi, même si pas désagréable. Ce quatorzième album permet de redécouvrir le groupe canadien, qui prouve qu’il est encore capable de coups d’éclats.






